Démocratie américaine
La dernière élection présidentielle a suscité un vif intérêt dans notre pays, comme tous les quatre ans. Cette fois-ci, il semble que la personnalité outrancière de Donald Trump, showman accompli, n’a pas peu contribué au succès de la représentation qui nous était présentée.
Mais outre cet intérêt, ce qui s’est manifesté en France, c’est également une incompréhension à l’égard d’un système politique si différend du nôtre.
Au point que certains ironisent sur la « démocratie américaine » qui aurait donné une bien piètre image d’elle-même. Cette contestation n’est pas étrangère au fait que les Etats-Unis ont été le phare du monde libre depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les satrapes de tous poils se régalent de ce qu’ils perçoivent comme une faiblesse, ainsi que l’ont illustré les récents communiqués des autorités iraniennes, russes ou chinoises.
Toutefois, je ne sais pas vous, mais je préférerais vivre aux Etats-Unis plutôt que dans n’importe lequel de ces pays, où la justice n’est pas indépendante, où la presse est aux ordres, les élections de pure formalité et où les opposants politiques sont emprisonnés, tués, expulsés.
La démocratie est un exercice compliqué et les Etats-Unis nous montrent qu’il faut être fort pour parvenir à contenir les oppositions inhérentes à toute société dans le cadre d’un processus légal choisi par les citoyens : il y a des manifestants, des cris, des pleurs, des paroles excessives, des rodomontades, mais les institutions américaines sont stables, l’armée ne se mêle pas de politique, les forces de l’ordre remplissent leur office, les juridictions statuent, les médias commentent et se permettent même de couper l’antenne au président.
Ce que nous avons vu devrait au contraire susciter l’admiration. La démocratie est désordonnée, brouillonne. Elle implique d’accepter que des personnes défendant des opinions qui nous déplaisent et parfois nous révulsent s’expriment, et soient éventuellement élues.
Cette démocratie américaine a permis à un Donald Trump d’être président et à une alternance d’intervenir.
Soulignons que, depuis 1787, les Etats-Unis ont conservé la même Constitution (alors que la France en a connu treize durant la même période), certes amendée 27 fois, et n’ont pas connu une seule dictature.
Quels pays peuvent en dire autant ?
Me Xavier Chabeuf
Avocat au barreau de New York
08 novembre 2020