Fait-il trop froid pour aller travailler ?
Goutte au nez, glissades, chutes, hypothermie, gelures … N’en jetez plus, l’exposition à de faibles températures pendant le travail peut entraîner des risques pour la santé des salariés. Il est donc important de connaitre les règles applicables.
Le Code du travail ne fixe aucune température minimum ou maximum précise à partir de laquelle il conviendrait de cesser de travailler.
Certains règlements traitent cependant des conséquences du froid sur l’état de santé des salariés et fixent des règles, tout en laissant une assez large place à l’interprétation :
Pour le travail en intérieur l’article R.4223-13 du code du travail dispose que « Les locaux fermés affectés au travail sont chauffés pendant la saison froide. Le chauffage fonctionne de manière à maintenir une température convenable et à ne donner lieu à aucune émanation délétère ».
L’article R.4213-7 ajoute que « Les équipements et caractéristiques des locaux de travail sont conçus de manière à permettre l’adaptation de la température à l’organisme humain pendant le temps de travail, compte tenu des méthodes de travail et des contraintes physiques supportées par les travailleurs ».
Pour les salariés travaillant en extérieur l’article R.4225-1 du code du travail dispose que les postes de travail doivent être aménagés de telle sorte que les travailleurs soient, « dans la mesure du possible », « protégés contre les conditions atmosphériques » et « ne puissent glisser ou chuter ».
Par ailleurs, l’article R.4223-15 prévoit que « L’employeur prend, après avis du médecin du travail et du comité social et économique, toutes dispositions nécessaires pour assurer la protection des travailleurs contre le froid et les intempéries ».
Concrètement, lorsqu’ils estiment que les conditions climatiques mettent leur santé en danger, les salariés peuvent décider d’exercer leur droit de retrait prévu par l’article L.4131-1 du Code du travail selon lequel un salarié peut exercer ce droit s’il a un motif raisonnable de penser que sa situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé. Le bienfondé de l’exercice du droit de retrait relève d’une appréciation au cas par cas en fonction des circonstances de fait (degré de température, nature des fonctions des salariés, exposition du poste, etc..).
Pour se retirer d’une telle situation de travail, le salarié alerte son employeur mais n’a pas à obtenir son accord. L’exercice de ce droit n’est soumis à aucune formalité. La jurisprudence considère notamment qu’il ne peut pas être subordonné à la saisine du CHSCT.
L’absence d’accord de l’employeur ne peut donc pas justifier le licenciement, qui doit être considéré comme nul (Cass. Soc., 25 novembre 2015, n° 14-21272).
Si l’exercice du droit de retrait est justifié, aucune sanction ne peut être prise à l’encontre du salarié. Ce dernier doit donc percevoir l’intégralité de son salaire. Si le danger persiste, l’employeur ne peut pas imposer au salarié de reprendre son travail.
Me Manuel Dambrin
06 février 2018